Sur le blog baladebotanique.blogspot.com vous trouverez les portraits de quelques centaines de plantes sauvages du Périgord comme elles poussent dans leur habitat, chez elles.

 

N'importe où on est, il y a toujours des plantes. Partout (ou presque). On n'a qu'à se pencher (pour les petites) ou regarder attentivement autour de soi (pour les plus grandes) pour les rencontrer. Elles sont là, et elles font leur vie, autrement, à côté de nous. Et elles ne s'occupent pas de nous, au maximum elles s'adaptent aux circonstances créées par nous l'espèce dominante sur cette planète.

Il est vrai que les botanistes souvent se concentrent sur des petits détails, la pilosité des étamines ou la courbe d'une épine par exemple. Et il est également vrai qu'il utilisent des noms compliqués pour des plantes qu'on voit tous les jours. Et qu'ils se disputent entre eux sur des sujets sans intérêt comme la sous-espèce exacte à laquelle une certaine plante doit appartenir. Pour tout cela, il y a des raisons qui peut-être vous ne regardent pas. Quand-même: la botanique c'est un grand plaisir et le monde des plantes est un terrain de découvertes et joies sans fin.

Il y avait cet écrivain Néerlandais de la fin du 19ème qui utilisait le Nénuphar pour expliquer sa vision sur la vie et la beauté. Il disait que le Nénuphar est seulement beau quand on ne se rend pas compte que, sous la belle fleur qui flotte doucement sur la surface de l'eau, il y a une grosse tige laide et muqueuse. Il ne faut pas sortir la fleur de l'eau, tu risques de voir cette tige qui ressemble le caoutchouc, et ça gache la beauté de la fleur. Ne regarde pas ce qui est moche, cache-le par la beauté.

Au lycée c'était le prof de Néerlandais racontait ça avec approbation à nous, ses élèves. Est-ce qu'il fallait approuver? Je ne pouvais pas. La personne adulte, botaniste, photographe, etcétéra, que je suis devenue ne le peut non plus. 

(Beaucoup plus tard j'ai compris que Frederik van Eeden, l'écrivain, était psychiatre fils de botaniste, tandis que moi je suis botaniste fille de psychiatre. Est-ce que le hasard de ce fait divers explique la véhémence de ma réaction?) 

Il est beaucoup plus facile de regarder une chose qui est belle qu'une chose qui est moche ou vilaine ou mauvaise. Mais on peut regarder les deux, n'est-ce pas ?

Au moins, les botanistes ne réduisent pas la flore et la nature à sa beauté. Il y a tellement d'angles pour voir…